Jeudi 22 mai 2014

Quelle santé en prison?

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L’état de santé des détenus intéresse-t-il les respon­sables des politiques carcérales ?

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Lors de la création des Unités de consultation et de soins ambulatoires, cette question aurait semblé malvenue. Il y a vingt ans l’administration pénitentiaire laissait entrer l’hôpital en détention. Aujourd’hui la question mérite pourtant d’être posée. Deux nouveaux rapports, du Contrôleur général des prisons et de la Cour des comptes, sou­lignent les insuffisances de la prise en charge sanitaire des détenus. Deux de plus, après une longue liste de rapports parlementaires, d’avis du Conseil national du sida, de condamnations par la Cour européenne des droits de l’homme, qui tous pointent leurs conditions de vie dégradées et leurs besoins de santé. Aussi nom­breux que les rapports, les chantiers inachevés et tou­jours mentionnés : la réduction des risques, loin d’être satisfaisante ; la suspension de peine, si mal utilisée ; le curatif si présent et la prévention si absente. Ou encore l’organisation de la santé, coincée entre dépen­dance à l’égard des surveillants et confidentialité aléa­toire, quand celle-ci existe.

Face à cette situation, lenteurs et craintes multiples semblent les seules réponses. En 2009, Sidaction orga­nisait sa Journée nationale prison sur les programmes d’échange de seringues. Alors que les exemples étran­gers sont nombreux, les solutions diverses, il semble urgent d’attendre. Alors, attendons. Attendons que les données dont on dispose évoluent et qu’augmente encore la prévalence, déjà largement supérieure à celle en milieu ouvert. Attendons un changement de gou­vernement, les prochaines échéances électorales… Il y aura toujours un obstacle qui empêchera que sonne l’heure de la santé des détenus.

Et si les réponses à leurs besoins de santé ne sauraient à elles seules déterminer les politiques du contrôle pé­nal, il n’en reste pas moins que les soins et la préven­tion ne sont pas secondaires. L’État est responsable de la santé des personnes écrouées, qui font partie de la société. La lutte contre le VIH doit être la même des deux côtés des murs.

La prison cache la misère de nos sociétés, masque ce qu’il est difficile de regarder en face. Le VIH et les hépatites en font partie. S’intéresser à la santé, c’est al­ler à l’encontre de la logique de dissimulation à l’oeuvre avec la prison. C’est dévoiler les usages de drogues, les pratiques sexuelles, la discrimination des malades, les insuffisances organisationnelles, l’inadaptation de la prison au secret médical et à la simple confidentialité. Probablement que parmi ceux qui sont en charge des détenus, certains sont sensibles à leurs besoins de santé. Cependant, ces lenteurs et ces craintes signent la faiblesse de la santé dans les politiques nationales et la puissance de l’inertie des politiques carcérales.

Marc Dixneuf,

directeur des programmes associatifs France de Sidaction
Transversal n°73 mai/juin 2014 p. 3


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